|
"Jusqu'à quand, ô Dieu, l'adversaire outragera-t-il? L'ennemi manquera-t-il de respect envers ton nom pour toujours?"- Psaume 74:10.
Les copies de la Révélation (le dernier livre de la Bible [aussi appelé Apocalypse]) portent toujours l'abréviation du nom de Dieu, "Jah" ou "Yah" (dans l'expression "Alléluia" ou "Hallélou Yah" [Chouraqui]). Toutefois, nous ne possédons aucun manuscrit grec des livres classés dans nos Bibles de Matthieu à Révélation qui contienne le nom divin sous sa forme complète. Faut-il en déduire que celui-ci ne devait pas y figurer? Ce serait surprenant, car les premiers disciples reconnaissaient son importance et Jésus leur a appris à prier pour sa sanctification (Matt. 9:6; Jean 17:26)
Jésus employait le nom divin; c'est ce qui ressort par le fait que des Juifs, des siècles après sa mort, l'accusèrent d'avoir accompli des miracles "seulement parce qu'il s'était rendu maître du nom 'secret' de Dieu". - Le livre de la connaissance juive (angl.).Dès lors, comment expliquer cet état de fait?
Il convient avant tout de rappeler que les manuscrits des Écritures grecques chrétiennes dont nous disposons aujourd'hui ne sont pas les originaux. |
|
C'est pourquoi on en a établi des copies qui ont été elles-mêmes recopiées après avoir fait leur temps. Cela n'a rien d'étonnant, car ces ouvrages étaient généralement produits pour qu'on s'en serve et non pour qu'on les conserve. Il existe encore des milliers de manuscrits des Écritures grecques chrétiennes, mais la plupart d'entre eux ne remontent pas plus loin qu'au IVe siècle. Voilà qui soulève une question importante: Se pourrait-il que le texte des Écritures grecques chrétiennes ait été altéré avant le IVe siècle, de sorte que le nom de Dieu en aurait disparu? Tout indique que c'est bien là ce qui s'est passé.
Le nom divin s'y trouvait Nous pouvons être certains que l'apôtre Matthieu a mentionné le nom de Dieu dans son Évangile. Pourquoi? Parce qu'il a d'abord composé ce dernier en hébreu. Au IVe siècle, Jérôme, l'auteur de la version latine des Écritures appelée Vulgate, expliquait: "Matthieu ou Lévi fut publicain avant de devenir apôtre. En faveur des circoncis qui croyaient à l'Évangile, le premier, il écrivit son évangile dans le texte hébreu. Quel est celui qui le traduisit plus tard en grec, c'est ce qu'on ignore. On possède encore le texte hébreu dans la bibliothèque de Césarée."
Puisque Matthieu a rédigé son livre en hébreu, il serait inconcevable qu'il n'ait pas employé le nom divin, surtout quand il a cité des passages de l'"Ancien Testament" qui le renfermaient. En revanche, les autres rédacteurs de la seconde partie de la Bible se sont adressés à des gens de tous pays, si bien qu'ils ont utilisé la langue internationale de l'époque, le grec. De ce fait, ils n'ont pas cité le texte hébreu des Écritures, mais la version grecque des Septante. Du reste, l'Évangile selon Matthieu a lui-même fini par être traduit en grec. Mais le nom de Dieu figurait-il dans ces écrits hellénistiques?
Fait intéressant, de très vieux fragments de la Septante qui existaient déjà du temps de Jésus ont survécu jusqu'à notre époque, et il est à noter que le nom personnel de Dieu y apparaît. The New International Dictionary of New Testament Theology (Nouveau dictionnaire théologique international du Nouveau Testament, tome II, page 512) déclare à ce propos: "Des documents récemment découverts infirment l'idée selon laquelle les traducteurs de la LXX [la Septante] auraient rendu le tétragramme YHWH par kurios. Les plus vieux MSS [manuscrits] de la LXX que nous possédions (à l'état de fragments) portent le tétragramme en caractères héb[reux] dans le texte grec. Cet usage a été perpétué par les traducteurs juifs de l'A[ncien] T[estament] au cours des premiers siècles ap. J.C." Ainsi donc, qu'ils aient lu la Bible en hébreu ou en grec, Jésus et ses disciples ne pouvaient manquer d'y rencontrer le nom divin.
Ce fragment de la Septante (à droite) qui contient deux passages de Zacharie (8:19-21, et 8:23 à 9:4) daterait du premier siècle de notre ère. Il est conservé au musée d'Israël, à Jérusalem. Le nom de Dieu s'y rencontre quatre fois, dont trois sont indiquées sur l'image. Sur l'Alexandrinus (à gauche), une copie de la Septante établie environ 400 ans plus tard, le nom divin a été remplacé dans les mêmes versets par les lettres KY et KC, abréviations du vocable grec Kurios ("Seigneur").
C'est ce qui a amené George Howard, professeur à l'université de Géorgie, aux États-Unis, à tenir le raisonnement suivant: "Comme la Septante utilisée et citée par l'Église du Nouveau Testament contenait le nom divin sous sa forme hébraïque, les rédacteurs du Nouveau Testament ont sans doute conservé le Tétragramme dans leurs citations." (Biblical Archaeology Review, [Revue d'archéologie biblique], mars 1978, page 14). D'ailleurs, de quel droit auraient-ils fait le contraire?Le nom de Dieu est resté plus longtemps encore dans les traductions grecques de l'"Ancien Testament". Au cours de la première moitié du IIe siècle, Aquila, un prosélyte juif, produisait une nouvelle version grecque des Écritures hébraïques dans laquelle il introduisait le Tétragramme en caractères hébreux anciens. Au IIIe siècle, Origène déclarait: "Dans les manuscrits les plus fidèles, LE NOM est écrit en lettres hébraïques, non pas en hébreu moderne, mais avec les caractères archaïques."
Au IVe siècle, Jérôme faisait encore cette observation dans son prologue de Samuel et des Rois:"À ce jour, on rencontre toujours le nom quadrilitère de Dieu[] en caractères archaïques dans certains rouleaux grecs."Sur son site web, l'auteur du livre Un historique du nom divin, Gérard GERTOUX, un hébraïsant tétragrammiste précise que "Les documents en langue grecque qui vocalisent le nom divin sont rares mais ils existent".
"Par exemple, dans ce papyrus magique du 3e siècle on peut lire la phrase élèié iéôa rouba (elhie iewa rouba) qui provient de l'hébreu et qui signifie "mon Dieu Iéoa plus grand". L'orthographe elhie est plus proche de l'hébreu que l'araméen elwi (Marc 15:34). De plus, on trouve les termes hlei (Codex D, Q) et elei (papyrus 059) dans quelques manuscrits datés autour de 300 de notre ère."
La disparition du nom par excellence Cependant, à cette époque, l'apostasie annoncée par Jésus avait pris racine. Dès lors, bien qu'il apparût dans les manuscrits de la Bible, le nom divin était de moins en moins employé (Matthieu 13:24-30; Actes 20:29, 30). Avec le temps, bon nombre de lecteurs ont même fini par ne plus le reconnaître. Ainsi, Jérôme raconte que le Tétragramme n'a pas été compris par certains; à cause de la ressemblance des traits qui composent ces quatre lettres.
Par la suite, le nom de Dieu a été remplacé par des termes comme "Dieu" (Théos) ou "Seigneur" (Kurios) dans les copies de la Septante. Nous savons parfaitement que cela s'est produit, car les fragments les plus anciens de la Septante contiennent le nom de Dieu, alors que les copies postérieures des mêmes textes ne le portent plus.
Le même changement s'est opéré dans le "Nouveau Testament", autrement dit dans les Écritures grecques chrétiennes. À ce sujet, le professeur George Howard ajoute: "Quand la forme hébraïque du nom divin a été abandonnée dans la Septante en faveur de divers termes suppléants, il a aussi disparu des passages du Nouveau Testament qui citaient la Septante (...). L'Église non juive a bientôt perdu toute trace du nom de Dieu, celui-ci ne subsistant plus que dans les formes contractes qui lui étaient parfois substituées ou dans la mémoire de quelques érudits."
Ainsi, tandis que les Juifs se refusaient à prononcer le nom divin, l'Église apostate a réussi à l'éliminer complètement des manuscrits grecs et des traductions des deux parties de la Bible.
Une perte grave Le nom de Dieu a fini par être rétabli dans de nombreuses versions des Écritures hébraïques. Mais qu'en est-il du "Nouveau Testament"? Les traducteurs et les étudiants de la Bible ont pu remarquer par eux-mêmes qu'en l'absence du nom divin certains passages des Écritures grecques chrétiennes sont pour le moins obscurs. Par contre, dès qu'on remet ce nom à la place qui lui revient, cette portion de la Parole inspirée de Dieu devient beaucoup plus claire.
À titre d'exemple, considérons une phrase extraite de la lettre de Paul aux Romains, telle qu'on la trouve dans la version Segond. La voici: "Quiconque invoquera le nom du Seigneur sera sauvé." (Romains 10:13). Quel nom devons-nous donc invoquer en vue de notre salut? Puisque le Christ est souvent appelé "Seigneur" et qu'un autre verset proclame: "Crois au Seigneur Jésus, et tu seras sauvé", faut-il en conclure que Paul pensait à Jésus Christ? - Actes 16:31, Segond.
Justement pas. Dans la version Segond, en Romains 10:13 une note marginale renvoie le lecteur à Joël 2:32 (Joël 3:5 traduction Jerusalem), texte qui appartient aux Écritures hébraïques. Si vous ouvrez votre Bible à ce passage, vous constaterez que Paul citait les propos de Joël dans son épître aux Romains. Or, selon l'hébreu original, ce prophète avait dit:
"Quiconque invoquera le nom de Jéhovah s'en tirera sain et sauf." (Traduction du monde nouveau).
"Tous ceux qui invoqueront le nom de Yahvé seront sauvés" (Jerusalem)Il s'ensuit que Paul voulait nous inviter à invoquer le nom de Jéhovah. Dès lors, s'il est vrai que nous devons croire en Jésus, il n'en demeure pas moins que notre salut dépend directement de notre façon de considérer le nom du Créateur.
Cet exemple illustre bien comment la suppression du nom de Jéhovah dans les Écritures grecques a amené plus d'un lecteur à confondre Jésus avec son Père. Sans l'ombre d'un doute, cette altération a compté pour beaucoup dans l'essor du dogme de la Trinité.
Devrait-on rétablir le nom divin?
Étant donné que le nom de Dieu ne figure pas dans les manuscrits dont nous disposons, le traducteur a-t-il le droit de le rétablir? Absolument. Du reste, la plupart des lexiques grecs admettent que le mot "Seigneur" désigne souvent Jéhovah dans la Bible. Ainsi, à l'entrée Kurios ("Seigneur"), l'ouvrage intitulé A Greek and English Lexicon of the New Testament, de Robinson (Lexique grec-anglais du Nouveau Testament, 1859), explique que ce terme décrit "Dieu comme le Seigneur suprême, le Souverain de l'univers. Il remplace habituellement l'héb[reu] Jéhovah dans la Sept[ante]". Par conséquent, là où les Écritures grecques chrétiennes ont cité les Écritures hébraïques, le traducteur est autorisé à rendre le mot Kurios par "Jéhovah" quand le nom de Dieu apparaît dans l'original hébreu.D'ailleurs, beaucoup l'ont fait. À partir du XIVe siècle, au plus tard, on a publié quantité de versions hébraïques des Écritures grecques chrétiennes. Comment leurs auteurs ont-ils retraduit les citations de l'"Ancien Testament" qui contenaient le nom divin? Plus d'un se sont sentis obligés de le réintroduire dans leur texte. C'est pourquoi de nombreuses traductions partielles ou intégrales des Écritures grecques chrétiennes en hébreu renferment le nom de Dieu.
Certaines versions en langues modernes ont suivi la même voie.
Tel est particulièrement le cas de celles qui sont utilisées
par des missionnaires. C'est ainsi que dans diverses langues d'Afrique,
d'Asie, d'Amérique et des îles du Pacifique des traductions
des Écritures grecques emploient largement le nom de Jéhovah,
de façon que leurs lecteurs puissent voir nettement la différence
qui existe entre le vrai Dieu et les faux. Ce nom se retrouve également
dans des versions européennes.
La Traduction du monde nouveau compte parmi les versions qui restituent audacieusement et à bon droit le nom de Dieu dans les Écritures grecques chrétiennes. Cette traduction, utilise le nom divin chaque fois que les Écritures grecques citent un verset des Écritures hébraïques où il se trouve. En tout, le nom par excellence se rencontre 237 fois dans cette version du "Nouveau Testament". |
|
|
*** Rbi8 1682 1D Le nom divin dans les Écritures grecques
chrétiennes ***
Jérôme a écrit au IVe siècle dans le chapitre
III de son ouvrage Liber de viris illustribus : " MATTHIEU, nommé
aussi Lévi, et de publicain devenu apôtre, composa le premier
en Judée, pour ceux qui avaient cru parmi les circoncis, l'Évangile
du Christ, et le rédigea en caractères et langage hébraïques.
Quelle personne le traduisit plus tard en grec, c'est ce que l'on ne sait
pas au juste. L'Évangile hébreu se trouve aujourd'hui encore
dans la bibliothèque de Césarée, que le martyr Pamphilus
avait formée avec le soin le plus grand. Les Nazaréens de
Beroea, ville de Syrie, se servent du texte hébreu, et j'ai eu par
eux la facilité de le transcrire. " (Livre des hommes illustres,
traduit en français avec le texte latin en regard, par F. Collombet,
Paris 1840, p. 15).
*** jv 20-1 2 Jésus Christ, le Témoin fidèle
***
Les disciples de Jésus connaissaient et employaient déjà
le nom de Dieu. Ils le voyaient et le lisaient dans les rouleaux de la
Bible hébraïque qu'on trouvait dans leurs synagogues. Ils le
voyaient et le lisaient aussi dans la Septante, version grecque des Écritures
hébraïques qu'ils utilisaient dans leur enseignement et leurs
écrits. S'ils connaissaient le nom divin, en quel sens Jésus
le leur a-t-il manifesté ou fait connaître?
Aux temps bibliques, les noms n'étaient pas de simples moyens d'identification. Un lexique biblique grec-anglais (A Greek-English Lexicon of the New Testament, de J. Thayer) explique: "Le nom de Dieu dans le N[ouveau] T[estament] est utilisé pour toutes les qualités [divines] qui, aux yeux de ses adorateurs, sont résumées dans ce nom, et par lequel Dieu se fait connaître aux hommes." Jésus a fait connaître le nom de Dieu en l'utilisant, certes, mais aussi en révélant la Personne derrière ce nom: ses desseins, ses activités et ses qualités. Étant celui qui 'avait été auprès du Père, à la place du sein', Jésus a pu expliquer le Père comme personne d'autre ne le pouvait (Jean 1:18). En outre, il a été le reflet si parfait de son Père que ses disciples ont pu 'voir' le Père dans le Fils (Jean 14:9). Par ce qu'il a dit et fait, Jésus a rendu témoignage au nom de Dieu.
*** Rbi8 1 Jean 2:4 ***
Celui qui dit : " J'ai appris à le connaître ", et qui
pourtant n'observe pas ses commandements, est un menteur, et la vérité
n'est pas en celui-là